Lorsque vous voyagez dans le nord de l’Inde, dans des villes comme Drahamsala, vous pouvez constater une très fine différence entre la culture traditionnelle indienne et tibétaine. Sur les marchés de rue, dans les monastères et les galeries, vous trouverez une présence simultanée des systèmes médicaux et religieux hindou et bouddhiste.
La connexion chevauchant médecine et religion
C’est un pan de la culture indienne qui traversa au Tibet dont les préceptes médicaux et l’art de l’écriture qui permit « l’accomplissement d’une œuvre remarquable : la traduction des textes bouddhiques en tibétain. »
Également, à travers les siècles, eut lieu une quantité d’arrivages de textes et de pratiques des autres pays bouddhistes avoisinants, tels la Chine, le Népal, le Cachemire, le Bengale, etc. Il faut donc saisir les racines du bouddhisme tibétain comme profondes et complexes puisque riche en rhizomes et nourrit à travers les siècles par le religieux, le médical, l’artistique, sans oublier, le politique.
Maintenant, en examinant ce même Tibet du côté médical, force est de constater cette même diversité, cette complexité et cette profondeur des souches développées durant plus de deux mille cinq cent ans, métissées de divers courants.
Si la base de la médecine au Tibet est sans doute l’Ayurveda et le tantrisme indien, certains aspects de la médecine indigène chamanique locale, tels l’analyse d’urine, ainsi que certains éléments de la médecine chinoise y fût vraisemblablement amalgamés. Plus tard, cette légendaire médecine tibétaine éminemment holistique gagna en assimilant, le système grec à travers la Perse, ainsi que plusieurs éléments des cultures avoisinantes en invitant « des médecins d’Inde, de Chine, de Perse, du Népal, de Mongolie, d’Afghanistan, du Cachemire ».
Bien que la plupart des textes initiaux soient une « continuation de l’Ayurveda classique » il ne faut pas négliger qu’ils aient été « enrichi par les siddhas indiens bouddhistes » notamment, « le bouddhisme Mahayaniste y emporta le culte du Bouddha de la Médecine » Bhaisajyaguru, figures importantes de dévotion tibétaine.
Toutefois, il est imaginé du côté bouddhiste que la médecine ayurvédique indienne aurait été enseignée à Brahma par le Bouddha Kashyapa l’une des incarnations passées de Shakyamouni « sous l’aspect du « Maître des Remèdes », ce qui ramène la source initiale de l’Ayurveda au bouddhisme !
En résumé, le caractère unique de cette médecine métissée tient du fait qu’« elle soit destinée à guérir le corps humain de ses maux et affections, mais aussi, au fait de révéler une voie sur laquelle corps, mental et esprit peuvent se libérer des souffrances de l’existence conditionnée. »
La causalité karmique
À la base d’une grande partie de la pensée et de la pratique bouddhiste existe l’idée de la causalité karmique, « les êtres transmigrent indéfiniment à moins qu’ils ne décident d’interrompre cet enfermement cyclique en s’engageant sur le chemin de la libération. »
À l’intérieur de ce cycle nommé la roue de l’existence, la renaissance n’est pas nécessairement humaine. Il existe six royaumes d’existence et chaque royaume a des caractéristiques qui lui sont propres. « Posséder un corps humain […] est tenu par les Tibétains pour une chance rare juste mélange de plaisir et de douleur, qui tient lieu de catalyseur sur la voie spirituelle. »
Sur ce chemin de la libération, le bouddhisme tibétain définit certains relais plus déterminants que d’autres. On parle ici de la conception, la naissance et la mort. Dans la philosophie tibétaine, il devient primordial de se prédisposer à vivre ces opportunités enfin de gagner des mérites qui pourront affecter positivement le karma.
Le meilleur exemple dans la littérature concernant cette idée est le Bardo Thödol ou Livre des morts tibétains.